"Quelque 386 millions de personnes en âge de travailler sont handicapées, selon l’Organisation internationale du Travail (OIT). Pour elles, le chômage atteint 80 pour cent dans certains pays. Les employeurs tiennent souvent pour acquis que les personnes handicapées sont incapables de travailler.
Bien que les personnes handicapées constituent un bon 5 à 6 pour cent de la population indienne, leurs besoins en matière d’emploi ne sont pas pris en compte, selon une étude du Centre national de l’Inde pour la promotion de l’emploi pour les personnes handicapées, et ce en dépit de la Loi sur les personnes handicapées qui leur réserve trois pour cent des emplois dans la fonction publique. Seuls cent mille des quelque 70 millions d’Indiens handicapés ont réussi à décrocher un emploi dans l’industrie.
Selon une étude américaine de 2004, 35 pour cent seulement des personnes handicapées en âge de travailler trouvent un emploi, contre 78 pour cent de ceux qui ne sont pas handicapés. Deux tiers des chômeurs handicapés interrogés déclaraient qu’ils aimeraient travailler mais n’arrivaient pas à trouver un emploi.
D’après une étude menée en 2003 par l’université Rutgers, les personnes physiquement ou mentalement handicapées continuent à être largement sous-représentées sur le marché du travail américain. Un tiers des employeurs interrogés déclaraient que les personnes handicapées ne pourraient s’acquitter convenablement des tâches requises. La deuxième raison la plus souvent avancée pour ne pas engager des handicapés est la crainte de devoir procéder à des aménagements coûteux.
Selon une enquête américaine menée auprès d’employeurs en 2003, le coût de ces aménagements ne dépassait pas 500 dollars ; 73 pour cent des employeurs rapportaient qu’aucun aménagement n’avait été nécessaire pour leurs employés.
Les entreprises rapportent que les personnes handicapées ont un meilleur taux de maintien de l’emploi, ce qui réduit le coût élevé du renouvellement des effectifs, d’après une étude américaine de 2002. D’autres enquêtes américaines révèlent qu’au bout d’une année de travail, le taux de maintien des personnes handicapées est de 85 pour cent.
Des milliers de personnes handicapées réussissent comme chefs d’entreprise, d’après le ministère du Travail américain. Le recensement de 1990 a révélé un pourcentage plus élevé de personnes handicapées travaillant en indépendants ou ayant l’expérience de la gestion d’une petite entreprise (12,2 pour cent) que de personnes sans handicap (7,8 pour cent)."
Source : ONU, Convention relative aux Droits des personnes handicapées, Faits et chiffres sur les personnes handicapées
"Un travail décent pour les personnes handicapées
Dans toutes les sociétés, très peu de personnes handicapées ont un emploi rémunéré. En fait, dans la plupart des pays, jusqu’à 80% des personnes handicapées en âge de travailler sont au chômage. La majorité des autres sont sous-employées ou n’auront jamais accès au marché du travail.
Il y a partout un fossé important entre les conditions de travail et les statistiques d’emploi des personnes handicapées et des personnes non handicapées. Trop souvent, les personnes handicapées dépendent de la charité ou de l’assistance sociale pour vivre, et non d’un véritable emploi. L’absence d’opportunités et les attitudes négatives sont les principales raisons qui expliquent la très faible proportion de personnes handicapées au sein de la main d’œuvre.
La journée internationale des personnes handicapées s’intéresse cette année à la question du travail décent et aux moyens d’exploiter les capacités et les talents des personnes handicapées. L’article 27 de la Convention sur les droits des personnes handicapées, récemment adoptée, reconnaît le droit des personnes handicapées au travail, sur la base de l’égalité avec les autres. Il souligne le droit des personnes handicapées à gagner leur vie en accomplissant un travail librement choisi, dans un milieu de travail accessible et favorisant l’inclusion.
Beaucoup de pays n’ont pas de législation pour promouvoir et protéger les droits des travailleurs handicapés. Quand la discrimination sur la base du handicap est légitime, cela empêche l’entrée des personnes handicapées sur le marché du travail. Cependant, la discrimination commence souvent bien plus tôt dans la vie, quand les personnes handicapées se voient refuser les opportunités qui faciliteraient leur insertion professionnelle, comme l’éducation ou la formation professionnelle, l’accessibilité des transports et des lieux de travail.
Les employeurs sont souvent réticents à employer des personnes handicapées car ils croient qu’elles seront incapables de remplir leurs fonctions et / ou que ce serait trop cher. Cette attitude est ancrée dans la peur et le stéréotype, prêtant plus d’attention au handicap qu’aux capacités de l’individu. L’expérience empirique démontre pourtant que les personnes handicapées sont très performantes, ont un fort taux de rétention et un taux de présence plus élevé que leurs collègues non handicapés. De plus, les coûts liés à l’accueil d’un travailleur handicapé peuvent être minimes, la plupart d’entre eux ne nécessitant aucune adaptation particulière. Des études ont montré que l’emploi de personnes handicapées présente d’autres bénéfices comme un meilleur moral de la main d’œuvre et plus de bonne volonté de la part des clients.
Assurer un travail décent pour les personnes handicapées soulève des questions qui varient d’un pays à l’autre, d’un contexte à un autre. Les organisations professionnelles, les gouvernements et les personnes handicapées devraient travailler étroitement ensemble pour résoudre le problème du manque d’opportunités qui empêche les personnes handicapées d’intégrer la main d’œuvre, ainsi que la question des attitudes des employeurs. Pour de nombreuses personnes handicapées dans les pays en développement, l’emploi à son compte est la seule solution. Les pays devraient envisager les possibilités de soutenir les personnes handicapées dans ce domaine, en les incluant par exemple dans les plans de micro-crédit et de micro-finance, dont elles ont largement été exclues en tant que bénéficiaires potentiels.
Dans de nombreux pays développés, les personnes handicapées souffrent toujours de forts taux de chômage. Les pays doivent continuer à combler le fossé entre les personnes handicapées et les personnes sans handicap. La Convention implique que les lieux et pratiques de travail devront être adaptés pour être plus accessibles et inclusifs. Elle signifie également que les employeurs et le monde des affaires devront jouer un rôle plus important dans l’intégration économique et sociale des personnes handicapées.
Afin de soutenir la mise en œuvre de la Convention, la journée internationale envisagera les nouveaux moyens d’intégration des personnes handicapées qui pourraient être promus par les gouvernements, le secteur privé, et / ou la société civile, dont la communauté des handicapés. Ceux-ci incluent des programmes tels que le soutien à l’emploi, les entreprises sociales, les coopératives, la gestion du handicap sur le lieu de travail (maintien de l’emploi et mesures de retour à l’emploi), et la promotion de l’entrepreneuriat, du travail indépendant, et des petites et moyennes entreprises,
La journée internationale est une opportunité inestimable que devraient saisir les gouvernements, le monde des affaires et les personnes handicapées pour discuter et formuler des propositions pour promouvoir la pleine participation des personnes sur le marché du travail."